L’introduction d’espèces exotiques envahissantes

Les espèces exotiques envahissantes (EEE ou espèces invasives) sont des plantes, des animaux ou des microorganismes qui ont été introduites par l’homme, volontairement ou non, dans un territoire dont ils sont étrangers. Pour cette raison, on les appelle aussi espèces non-indigènes, ou allochtones.

Plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’une espèce soit considérée EEE :

  • Elle a été introduite en dehors de son aire de distribution naturelle,
  • L’Homme l’a introduite de manière accidentelle ou volontaire,
  • Son introduction est postérieure à l’an 1500,
  • Elle est naturalisée dans la zone d’introduction, c’est-à-dire qu’elle a acquis la capacité de se reproduire dans la nature et de former des populations viables sans assistance humaine,
  • Elle présente une expansion géographique importante de ses populations, et une dynamique démographique exponentielle.

D’où proviennent les espèces exotiques envahissantes ?

Le phénomène de transport d’animaux et de plantes date de plusieurs millénaires, depuis que l’Homme est en capacité de se déplacer sur de grandes distances (les migrations animales sont lentes et mineures, et sont donc exclues des critères énoncés précédemment).

Ces espèces se limitaient néanmoins à quelques spécimens utilisés pour le divertissement (les animaux du cirque romain par exemple) ou pour la recherche, ramenées de contrées lointaines par les explorateurs.

Mais l’Homme les a aussi depuis transportées accidentellement, via la nourriture ou ses vêtements, véhiculant avec elles des maladies. C’est la raison pour laquelle les pays insulaires ou jouissant de conditions similaires sont encore aujourd’hui si drastiques sur les produits importés, ce phénomène s’étant amplifié avec l’essor de la globalisation et du tourisme de masse.

Dans la plupart des cas, ces espèces ne prospéraient pas dans leur environnement sans intervention de l’Homme, du fait de l’absence de nourriture spécifique combinée à un climat trop différent. Cependant, certaines y parviennent, jusqu’à créer des populations importantes, adaptées aux changements environnementaux et capable de se développer de manière autonome. On parle alors d’espèces naturalisées.

Les espèces envahissantes présentent souvent les mêmes caractéristiques, permettant une dispersion très rapide et la colonisation de nouveaux milieux : une bonne adaptation aux milieux étrangers, une grande résistance aux maladies, une croissance et fécondités élevées, et un pouvoir dispersif important.

Si elles se développent de la sorte dans un environnement d’accueil qu’elles viennent à perturber, elles sont alors considérées comme envahissantes.

Pourquoi ces espèces représentent un problème ?

On considère les espèces exotiques envahissantes comme étant la source de potentielles problématiques environnementales, économiques, ou de santé publique.

Elles sont régulièrement classées comme seconde cause dans la perte de la biodiversité à l’échelle mondiale (la première étant la fragmentation et la destruction des habitats naturels). Les espèces envahissantes peuvent en effet avoir un certain nombre d’impacts négatifs sur les zones qu’elles envahissent.

Le plus important d’entre eux est peut-être la perte généralisée d’habitats. La santé de nombreuses forêts est par exemple menacée par les vignes de Kudzu, introduites du Japon au XIXème siècle comme plante ornementale. Cette plante était largement distribuée dans le sud-est des États-Unis comme moyen de lutte contre l’érosion et comme source de nourriture pour les animaux en pâturage. La vigne est cependant rapidement devenue envahissante et pouvant anéantir des forêts entières : elle empêche la lumière du soleil d’atteindre les arbres, tuant ainsi efficacement la forêt. De plus, le poids des épais tapis de vigne sur les arbres peut faire casser et tomber des arbres. Sa capacité à envahir et détruire rapidement les forêts lui a valu le surnom de « vigne qui a mangé le Sud ».

Il est important de saisir que les espèces envahissantes ne se limitent pas uniquement aux végétaux. Les pythons birmans, par exemple, sont les plus grands prédateurs des Everglades. Ils ont décimé des populations entières de mammifères et d’oiseaux. Capables de dévorer des cerfs et même des alligators, ces créatures mangent pratiquement tous les animaux qu’elles rencontrent. Un certain nombre d’espèces d’oiseaux menacées et en voie de disparition ont également été trouvées dans les voies digestives des pythons, ce qui fait craindre qu’elles ne conduisent certaines espèces à l’extinction. Les envahisseurs peuvent également menacer les espèces indigènes en les doublant dans la course aux ressources. Les carpes asiatiques introduites aux États-Unis surpassent les poissons indigènes pour la nourriture et l’espace, entraînant une forte baisse des populations de poissons indigènes.

Les espèces exotiques envahissantes sont aujourd’hui la deuxième cause d’extinction des espèces aux États-Unis. La prévention est la méthode la plus économique et la plus efficace. L’arrêt de l’introduction d’espèces potentiellement envahissantes est la meilleure façon d’agir. Les gouvernements effectuent des contrôles douaniers, inspectent les chargements, réalisent des évaluations de risque et mettent en place des règlements de quarantaine pour essayer de limiter l’entrée d’espèces envahissantes. Pourtant, tous ces efforts de prévention ne sont généralement pas suffisants.

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