La gestion des déchets
L’essor du capitalisme et de la mondialisation a entrainé dans la seconde moitié du XXème siècle le développement d’une société basée sur la consommation. Or, plus nous consommons, plus nous produisons de déchets : nourriture, emballages, vêtements, objets devenant obsolètes, etc…
Si les pays développés ont fait d’énormes progrès sur le traitement de leurs déchets – en atteste par exemple l’ambition de San Francisco d’atteindre les 100% de déchets recyclés en 2020 – ils finissent la plupart du temps dans des décharges à ciel ouvert ou en pleine nature dans les pays en développement. Si l’on ajoute à cela les polémiques récentes sur la manière dont les pays développés se débarrassent de leurs poubelles en les envoyant dans les pays du tiers-monde, on obtient l’ombre d’une catastrophe à venir.
Les conséquences de la surconsommation
Depuis l’an 2000, le monde a produit la même quantité de plastique que l’ensemble des années précédentes combinées. La production et la consommation d’emballages plastiques dépassent chaque année la précédente.
Les emballages à usage unique combinés au mode de vie toujours plus pressé de l’Homme y sont pour beaucoup. Et le constat est accablant : la production de déchets municipaux (pris en charge par une collectivité) dépasse les 2 milliards de tonnes par an, dont 310 millions de tonnes de rebuts plastiques. Ce chiffre impressionnant n’est pourtant pas prêt de se stabiliser, il est même en constante augmentation. Les prévisions de la Banque Mondiale l’estiment autour de 3,4 milliards de tonnes en 2050, soit une augmentation de 70%.
En Afrique subsaharienne, la masse des déchets devraient même être multipliée par trois, constat alarmiste devant le peu d’infrastructures existantes. Les principales raisons à cela sont bien évidemment la croissance démographique, l’augmentation du niveau de vie, mais aussi l’urbanisation.
Une gestion des déchets inégale
De grosses disparités existent entre les pays, tant dans la quantité de déchets produits que dans la manière de les traiter. Si un habitant de la Terre produit en moyenne 0,74kg de déchets par jour, la fourchette oscille entre 0,11kg au Lesotho et 4,5kg aux Bermudes.
Un effet de corrélation existe simplement entre le niveau de développement du pays et sa production de déchets : plus il est élevé, plus la production l’est, conséquence de la pluralité d’emballages consommés au quotidien, qu’il soit alimentaire ou de consommation.
Ainsi, s’ils ne représentent que 16% de la population mondiale, les pays développés génèrent 34% des déchets mondiaux, et ce chiffre progresse à mesure de l’urbanisation.
Ce sont néanmoins les déchets alimentaires ou organiques qui arrivent toujours en tête, représentant 44% du volume total, devant les plastiques (17%). Là encore, plus le pays est développé, plus il produit de plastique, a contrario du pays en développement qui produit essentiellement des déchets alimentaires.
Mais la grosse différence, c’est la capacité de traitement. Si la vue d’un camion poubelle quasiment tous les matins dans une métropole française ne surprend personne, il faut imaginer que c’est loin d’être le cas dans les pays à faible revenu, où seulement 39% des déchets font l’objet d’une collecte. Le reste est brûlé, au fond du jardin, dans la rue, entrainant le développement de maladies et de problèmes sanitaires.
Cette incapacité de traitement représente peut-être une disparité encore plus grande que la quantité de déchets produits. Là où une ville comme San Francisco est sur le point d’atteindre le 100% de déchets recyclés, une grande majorité de ceux-ci finit en décharge dans les pays en développement, enfouis ou à ciel ouvert, avec la pollution que cela engendre pour les sols. Seuls 19% sont recyclés ou compostés et 11% incinérés. Dans les pays en développement, le recyclage ne représente que 4% des déchets.
Une pollution à différents niveaux
La collecte et le traitement des déchets représentent 5% des émissions totales de gaz à effet de serre, et participe donc activement au réchauffement climatique. La majeure partie de ces émissions provient du méthane dégagé par les ordures en décomposition dans les décharges, ce qui est d’autant plus frustrant quand on sait qu’il pourrait être utilisé comme source d’énergie.
Par ailleurs, la durée de vie du plastique par exemple, est extrêmement longue. Contrairement aux déchets organiques ou végétaux qui disparaissent en quelques jours, il faut entre 100 et 1000 ans pour qu’une bouteille en plastique se dégrade. Les sacs plastiques peuvent étouffer les animaux en cas d’ingestion, les microparticules contaminent les océans et les organismes marins. C’est simple, 96% des déchets récoltés sur les plages sont constitués de matière plastique. Selon la fondation Ellen MacArthur, il y aura en 2050 plus de plastiques que de poissons dans les océans si rien n’est entrepris.
